【FR】Ce que la division cause par Tomoko La version française du blog en japonais de Tomoko publiée dimanche dernier 13.09.2020. Prochaine version française sera publiée dimanche 04.10.2020. En novembre et décembre 2020, ''Japanese/English Weekly Bilingual Literary Works by Nikhil Ray and Tomoko'' va remplacer la version française du Blog.  Blog de deux cousines, Chiyoko et Tomoko またいとこのブログ Chapitre 1 : 2020 Année de l'épidémie - Les divagations de septembre

 Ce que la division cause 

Mes réflexions 

six mois après le début de l'épidémie 

   19.09.2020 by Tomoko【Traduction en français par Chantal Spicq, Bernard et Tomoko】

Présentation des auteurs du blog

Les auteurs, Chiyoko et Tomoko, sont cousines issues de germains. Elles s'étaient certainement rencontrées avec leurs parents quand elles étaient enfants, mais elles ne s’étaient jamais beaucoup vues par la suite. Il y a environ 5 ans, elles se sont rencontrées presque par hasard dans une petite ville située à la frontière franco-suisse, près de Genève, et entretiennent depuis des relations amicales. Etant géographiquement éloignées l’une de l’autre, l’une étant en France et l’autre au Japon, et ayant de nombreux intérêts communs, elles ont décidé d'échanger leurs blogs et de parler des différences culturelles entre le Japon et la France, en ce qui concerne les sensibilités et les modes de pensée, la société, l'environnement, l'éducation, la santé, l'histoire, la culture et la musique etc., à travers des événements quotidiens. Le blog a été rendu accessible au public au début du mois de juillet 2020, seulement en japonais. Depuis septembre 2020, Tomoko présente sa part du blog en version française un dimanche sur deux.




■Constatation de la difficulté de m'exprimer en plusieurs langues 

J'ai entrepris ce mois-ci de publier le blog aussi en version française. Cette une entreprise laborieuse... J'ai dû faire beaucoup d'allers et retours avec une amie traductrice professionnelle pour m'exprimer mieux en français. Et puis, les photos rendent l'opération complexe en raison des techniques liées aux nombreuses différences entre les deux langues, le japonais et le français. 

En français, il y a des accents. C'est fastidieux de devoir chercher juste la touche d'un point d'interrogation "?" par exemple, comme il est caché dans différents endroits selon la langue. (J'écris aussi parfois en anglais). 

Il est vraiment difficile de traduire d'une langue à l'autre. Pourquoi est-ce que je me donne tant de mal pour m'exprimer? Je pourrais ne pas m'intéresser aux choses un peu sérieuses, mais ma nature ne me permet pas d'être ainsi. 


■Un sentiment vif d'être confiné, six mois après l'épidémie 

Récemment, j'ai été surprise de me trouver si perturbée par les changements soudains du monde, provoqués par la crise du Covid-19. 

Au mois de mars, le gouvernement français a d'abord imposé un confinement général. Les gens étaient obligés de rester à l'intérieur, même s'ils étaient autorisés à faire des courses et à marcher pendant une heure par jour. 

J'ai renoncé à mon projet d'aller au Japon en avril, mais je ne pouvais pas croire à ce moment là que l'interdiction de la libre circulation entre les Etats durerait aussi longtemps. Etre soudainement privée de mes séjours annuels au Japon m'a bouleversée. 

J'ai le sentiment d'être en exil. Jusqu'alors, je choisissais le moment où je voulais partir, en réservant un vol, en informant mes sœurs et mes amis de mes projets. Mais soudain, la pandémie a mis un terme à cette situation. 

Ai-je la nostalgie de mon pays d'origine et un fort désir d'y retourner? Non. Je me fais plutôt beaucoup de soucis pour mon pays natal. Cette inquiétude reste en général en moi. Quand je suis au Japon, il y a beaucoup de gens avec qui je peux partager mon bagage culturel de mes vingt premières années, de sorte que je peux facilement communiquer avec eux. Nous pouvons nous plaindre de la même façon pour des choses banales. 

La coupure du monde extérieur m'oblige à l'effort et à l'endurance pour assimiler plus profondément la culture française. 


■Comme j'aimerais être fataliste! 

On me demande souvent : qu'est-ce qui vous inquiète tant? C'est le sentiment d'être confinée et la situation de l'environnement. Après tout, le degré de liberté dont jouissent les gens aujourd'hui diminue. Je suis surprise de l'énorme changement dans ma façon de me sentir, privée de ma liberté. J'aimerais être libérée du poids de cette contrainte et arriver, si je pouvais, à accepter cette situation. 

L'épidémie s'est rapidement répandue, et pendant un certain temps, j'ai vécu sans avoir la possibilité de voir des gens. J'ai eu la chance de vivre dans un village proche de la ville, mais toujours riche en nature, et j'étais reconnaissante de pouvoir jardiner un peu et faire des promenades. Puis la frontière avec la Suisse voisine a rouvert et, malgré la situation sanitaire médiocre, il est possible de voyager à destination et en provenance des pays de l'UE, avec le risque d'être mis en quarantaine pendant un certain temps. 

Cependant, l'épidémie continue de se propager et les masques sont devenus obligatoires, des désinfectants ont été placés un peu partout et la “distanciation sociale” est imposée. Tout ça n'est pas normal. 


■Les relations avec les autres pays Européens 

En tant que japonaise vivant en France, je vie dans le cadre européen. Par exemple, je regarde ARTE, la chaîne de télévision franco-allemande à vocation culturelle. Si vous regardez les informations de ces dernier temps, vous trouvez des reportages sur les élections présidentielles frauduleuses au Biélorussie, ou l'empoisonnement d'un opposant russe, actuellement soigné dans un hôpital allemand. Il y a souvent des nouvelles sur la manière dont les pays européens accueillent les migrants en difficultés. 

J'ai l'impression que les Européens sont concernés par ce qui se passe dans les autres pays. Le seul pays avec lequel le Japon entretient une relation étroite est les États-Unis. Avec quel autre pays, le Japon, a-t-il de bonnes relations au niveau humanitaire? La relation avec les États-Unis n'est pas une véritable amitié, car elle ne s'inscrit que dans le cadre des questions de commerce et de sécurité. Le fait que les États-Unis aient largué deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, tuant des centaines de milliers de civils innocents, est un acte d'inhumanité inacceptable. Pourtant, le Japon a redémarré ses centrales nucléaires après la catastrophe de Fukushima et se prépare secrètement à répondre à une guerre nucléaire sous couvert d'une utilisation pacifique des armes nucléaires. Le ministre inculte japonais de l'environnement essaie d'éparpiller la terre contaminée partout dans le pays et de l'utiliser pour les terres agricoles. 


■Une amie russe 

Pour une personne, la patrie est une chose inexplicable. J'ai beaucoup de connaissances et d'amis étrangers qui vivent ici, et j'imagine qu'ils partagent un peu le même sentiment que moi. Par exemple, j'ai une amie russe qui m'est chère - elle est en fait à moitié géorgienne -.  c'était une collègue enseignante, elle a quitté son pays depuis plus longtemps que moi. Elle a obtenu un doctorat en littérature française à Genève, donc elle n'a pas de problème avec le français. Son mari est artiste, et quoique vivant en Suisse, il a plus de succès dans son pays d'origine, la Géorgie. C'est surtout mon amie qui maintient financièrement la vie du couple, et elle s'inquiète pour sa retraite. En comparant cette amie russe avec moi, je dirais qu'elle est beaucoup plus exilée de son pays natal que moi. 

Je suppose que si j'avais vécu au Japon toute ma vie, je serais complètement indifférente à la façon dont les relations entre les nations européennes affectent les gens. Mon amie russe dit qu'elle ne veut jamais retourner dans son pays. Ayant vécu longtemps en Europe, je sais très bien à quel point la nature tyrannique de l'État russe est insupportable. Récemment, un avocat/politicien russe militant contre le régime aurait été empoisonné et il a su être soigné dans un hôpital en Allemagne. 

Une candidate qui considère la réélection du puissant président biélorusse Loukachenko cette année comme une élection truquée a également galvanisé la nation, et les rassemblements de protestation sont importants. La candidate s'est réfugiée en Lituanie, par crainte des pressions politiques. Mais la Biélorussie, qui est un ancien État membre de l'Union soviétique et en même temps, qui ne veut plus d'un président qui a fais son temps n'est pas nécessairement anti-russe ni pro-européen. Sa relation avec la Russie semble complexe. 

Au centre se trouve la candidate à la présidence, Svetlana Tikanovskaiaqui résiste aux élections truquées de l'actuelle dictature en Biélorussie. 


En Ukraine, en 2014, les citoyens ont protesté contre l'oppression du pouvoir coercitif et ils ont été réprimés, mais la démocratie ukrainienne était une démocratie qui voulait suivre la voie de l'intégration européenne dès le début et se distancier de la Russie de Poutine. 

La Géorgie, le Biélorussie et l'Ukraine sont tous des pays indépendants qui étaient autrefois des composantes de l'Union soviétique. Alors que chaque pays lutte pour la démocratie, je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a plus de sens philanthropique en Europe que dans mon propre pays, et que les pays européens essaient de garantir des principes démocratiques. 

C'est donc grâce à mon amie russe que je m'intéresse aux autres pays, la Russie, La Géorgie,la Biélorussie et l'Ukraine, même si je connais très peu de choses sur ces pays et leur culture. 


■En conclusion : Avec la liberté, on peut survivre 

L'une des conclusions auxquelles je suis parvenue à l'heure actuelle est que nous pouvons d'une certaine manière survivre tant que nous sommes libres. Nous devons nous pencher sur les personnes opprimées et les aider à se libérer. Avec liberté, les gens arrivent à cultiver leurs champs, à bénéficier de leurs récoltes, à se faire des amis et à s'entraider pour vivre. La liberté est quelque chose pour laquelle nous devons lutter. 

Pour cela, nous devons d'abord être actif et nous exprimer. Mon inquiétude face au manque d'ouverture du Japon au monde est plus forte que jamais. 

Un récent rassemblement de citoyens dans mon quartier contre la construction d'un centre commercial. Plus de 300 personnes se sont réunies. Un ancien maire de Genève a participé à titre personne à l'événement. 


Profil de Chiyoko

Elle vit dans la région de Shonan Enoshima, haut lieu historique japonais depuis une vingtaine d'années. Elle est née dans les années du baby-boom et c’est une amoureuse des chats. Elle a grandi au Japon, sa première langue est le dialecte de Nagoya, et, quand elle avait une trentaine d’années, elle a suivi un cours par correspondance pour devenir bibliothécaire diplômée et a appris à écrire. C’est grâce à la photo de sa grand-mère prise quand elle avait 100 ans, et qui se trouve chez Tomoko, qu’elles sont entrées en relation.

Profil de Tomoko  

Après avoir étudié à Londres lorsqu’elle avait une vingtaine d’années, elle a poursuivi ses études dans le domaine de sciences humaines, à New York, Bangkok, Paris et Genève. Elle vit avec sa famille près de la frontière franco-suisse depuis 35 ans. Elle a été professeur de japonais dans le cadre du programme du baccalauréat international en Suisse. Elle est écologiste et collectionneuse de kimonos. L’idée lui est venue de lancer son blog lorsque les questions d'environnement et d’ échelle des valeurs lui sont apparues comme étant prioritaires pour l'humanité après la crise de l'épidémie.















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